Récit de Robert
Je m’appelle Robert, j’ai 16 ans, je viens de Guinée Conakry. Je viens d’une famille où nous étions 2 enfants avec mon petit frère. Mon papa et ma maman ont divorcé lorsque je faisais ma 3eme année de collège.
Mon voyage a duré environ 3 mois.
Après le divorce de mes parents, une femme là-bas m’a détruit la vie : c’était pendant ma troisième année, elle m’a commissionné d’aller acheter un médicament pour sa petite fille.
Pendant que j’y allais, des arnaqueurs me sont tombés dessus et m’ont attaqué avec un couteau.
Un grand m’a sauvé et m’a emmené à l’hôpital, où je suis resté deux, trois jours. Il a pris en charge tous les frais, et quand il m’a raccompagné au village, avec ma maman ils ont décidé que je resterais avec lui.
Il m’a demandé ma situation, il m’a dit qu’il nous aiderait à nous en sortir, qu’on partirait en voyage avec lui : nous étions 4 mineurs, avec mes amis, plus le grand, je ne sais pas son nom mais il était très grand… Il m’a dit de l’accompagner parce que j’aime jouer au football.
Le voyage
Nous sommes alors partis chez quelqu’un pour prendre une voiture.
Le lendemain, nous sommes partis comme ça jusqu’à ce qu’on arrive, j’ai demandé : “Grand, on a quitté la Guinée, c’est où qu’on va?”. Il m’a dit qu’on était au Mali.
Je connaissais parce que lorsque j’étais en 6eme année j’ai fait des cours pour connaître l’Afrique, tout tout tout.
Maintenant on est resté un jour là-bas, je lui ai à nouveau demandé :” Grand, où est-ce qu’on va ?”Cette fois, il a répondu : « Quelque part… »
Du Mali, on a vécu des choses sur la route : on a mis deux semaines pour arriver en Algérie, sur la route on a croisé les Touaregs. Ils nous ont pris les téléphones, les bons habits, les bonnes chaussures, tout… Ils nous ont même frappé.
Une fois arrivé en Algérie, on y est resté deux jours, pas plus. Puis on est partis en Tunisie on est restés une semaine… même pas, parce qu’on a été agressés par des arabes : ils ont agressé le Grand avec un grand couteau. Le soir, le Grand nous a dit que nous ne pouvions pas rester en Tunisie.
Il a appelé un de ses amis qui nous a emmenés au village. Quand nous sommes arrivés, il nous a emmenés chez un arabe qui s’occupait de faire rentrer les gens en Europe.
Nous avons attendu trois jours, parce que la mer n’était pas bonne, y avait trop de vagues. Alors je dis à mon Grand que moi je ne monte pas dans la pirogue… c’était une petite pirogue.
Il me dit que ce n’est rien, qu’on part pour qu’on puisse jouer au football. Parce que moi j’aime jouer au foot tellement, alors je pensais qu’à ça, parce que quand tu vois l’eau tu as peur, trop trop peur, parce que l’eau est tellement dangereuse. J’ai confiance en lui depuis qu’il m’a aidé et payé les frais d’hôpital.
C’est lui qui a payé le prix de mon transport pour venir en Italie.
Nous avons fait 2 jours sur l’eau, tellement il y avait de vague, j’ai cru qu’on allait mourir.
Mais Dieu est grand.
Les grands bateaux sont venus nous sauver, et nous ont amenés à Lampedusa. Arrivé à Lampedusa, j’ai été séparé du Grand et de tout le monde, de tous mes collègues. J’ai passé deux semaines à Lampedusa et eux seulement une, puis ils sont partis dans les grandes villes d’Italie. Lorsque j’ai fait les 2 semaines, ils m’ont pris et m’ont emmené à Genova, j’ai fait là-bas je sais plus combien de temps. Et y a un collègue là-bas qui m’a dit : “Nous allons partir en France”.
Traversé de la frontière franco-italienne
Je voulais pas venir en France, moi le pays où je voulais aller c’est l’Allemagne, mais vu que la langue Italienne et Allemand c’était très dur à comprendre et à apprendre pour moi, j’ai accepté la proposition de mon ami, parce que je me débrouille un peu, c’est plus facile pour moi. Si quelqu’un me parle en Français c’est facile à écouter et à comprendre, mais parler c’est un peu compliqué.
Donc on est tombé d’accord, nous étions trois à partir. Arrivés à la gare de Genova, on a rencontré deux autres personnes, on a pris le train ensemble, on est venus jusqu’à Vintimille, on a pris un train pour Menton. Arrivés à Menton, les policiers nous ont fait descendre pour nous demander les papiers ; on leur a dit qu’on est immigrants, ils nous ont demandé notre âge et nous ont emmenés quelque part sur leur base là-bas.
Début de la prise en charge
Après tout ça, les policiers m’ont pris et m’ont envoyé dans un hôtel à Nice, Un ou deux jours après, ils m’ont envoyé faire l’évaluation. Même pas deux semaines après j’ai eu le résultat : on m’a dit que je suis mineur, du coup je suis resté là- bas encore trois semaines, puis on m’a transféré à Marseille.
A Marseille on m’a envoyé a l’hôpital, on m’a fait une prise de sang, tout ce qu’il faut pour voir si je n’ai pas de maladie quoi.
Je suis aussi parti faire un test CASNAV, pour voir mon niveau, j’ai un bon niveau donc je dois aller au lycée professionnel.
Je suis parti visiter un foyer vers la Pomme, j’ai rencontré une éducatrice on a parlé, je sais pas quel jour je vais pouvoir y aller.
Depuis que je suis rentré en France, je n’ai jamais était dehors, tout c’est bien passé pour moi.
Incompréhension face à l'évaluation de minorité
Lorsqu’on m’a dit que je devais partir faire mon test de minorité, j’ai demandé a un grand, – que j’appelle l’Américain, je l’ai rencontré à l’hôtel, on parle souvent ensemble – car moi je pensais qu’une fois qu’il m’ont pris c’était bon hein, je pensais que j’allais venir et qu’on m’enregistrait sur l’ordinateur et c’est tout..
C’est une femme qui m’a appelé pour me dire que je devais passer le test je lui ai dit : “Quel test ?” Moi je savais pas que c’était le test pour avoir la minorité, moi je pensais que c’était pour me demander comment j’étais venu.
On a commencé à parler, j’ai paniqué, trop même. On ne m’a rien dit.
Finalement après avoir fini le test de minorité, je suis rentré à l’hôtel, j’ai expliqué ça à l’Américain, qu’on m’a demandé comment je suis venu etc… il a dit que c’est bien ça, que c’était un test pour savoir si tu es bien mineur.
Mais quand j’ai découvert que c’était un test pour savoir si j’étais mineur, c’était compliqué tout était mélangé je dormais pas très bien , je faisais plus rien, même pour manger à 7h j’arrivais pas me lever, j’avais mal a la tête, je pensais qu’à mes problèmes. Parce que je ne connaissais rien mais après une semaine, une dame est venue taper à ma porte et m’a dit que je l’avais eu : je lui ai dit : “j’ai eu quoi?”, et elle m’a dit : “tu es reconnu mineur”.
Aaaaaah ! Depuis ce jour là j’étais très content, la tranquillité est revenue, j’avais la tête apaisée, je lui ai demandé où j’allais partir et elle m’a dit à Marseille.
J’ai personne en France, ni en Europe même ; le Grand avec qui je suis venu je sais pas ou il est, même mes collègues je sais pas où ils sont.
Un rêve
Je rêve d’être footballeur, dépasser Mbappe. Je peux pas dire que j’ai du talent… mais je pense que j’en ai un minimum. J’aime faire du sport, des abdos, la musculation ; pour l’instant je n’ai jamais était en salle de sport, j’en fais dans ma chambre, en regardant sur le téléphone des applications avec des exercices.
Des lieux pour faire du sport
Je ne connais pas beaucoup Marseille, les lieux que je connais sont : St. Charles, le Vieux port, Estrangin, la Blancarde là bas c’est mon lieux de jeux, c’est là ou il y a le stade pour faire le foot, le Prado, Noailles.
Après y a un lieu à Marseille que j’aime bien : un grand jardin où les gens partent faire du sport, courir, je sais plus comment ça s’appelle… c’est derrière l’Hôtel Sévigné (nda., il s’agit du parc Pierre Puget)