Récit de Saïd

Récit récolté par l’Observatoire Asile de Marseille

En Italique, les commentaires et précisions des intervieweurs, membres de l’Observatoire.

 

Je m’appelle Saïd, je suis afghan et j’ai 45 ans. Je suis hébergé depuis l’été 2017 en ATSA / ADOMA dans le 15ème arrondissement de Marseille.

C’était difficile pour moi en Norvège. Je suis resté là-bas 6 ans et 6 mois. J’ai attendu là-bas 3 ans et après ils m’ont donné le négatif et puis ensuite j’ai attendu 2 ans en plus et ils m’ont donné la deuxième réponse négative. J’ai pris un avocat ensuite pour ma carte, je l’ai payé beaucoup d’argent mais ça n’a pas marché.

C’est important pour les étrangers de pouvoir s’intégrer ici, de travailler, d’apprendre la culture, de connaître ici, c’est important pour moi mais c’est très important que le gouvernement (Parlement) choisisse d’autres règles pour que les étrangers puissent s’intégrer, connaître mieux le pays.

À Marseille s’est très séparé entre les gens, dans certains quartiers il y a les français (par exemple au Prado) et dans d’autres quartiers il y a les étrangers (par exemple à Bougainville) et les gens ici ne se rencontrent pas… pourquoi ?

Je suis arrivé en juillet 2016, je suis resté à Paris pendant 1 mois. Pour avoir un enregistrement là-bas pour la demande d’asile c’est très difficile là-bas. Je n’avais pas d’ami là-bas, j’ai rencontré des personnes afghanes, mais je n’avais pas d’ami.

Je dormais à la Chapelle sous la tente.

Un jour à 5h le matin il y a des bus qui sont venus pour nous amener ailleurs. Peut-être 1000 personnes restaient à la Chapelle sous la tente. Il y avait des associations qui venaient, des français qui venaient pour nous donner à manger, des tentes… puis les bus sont venus nous prendre et nous ont emmené en zone 5 de Paris, vers Melun et à côté il y a une ville qui s’appelle Champagne sur Seine. On a était emmené en bus, avec plusieurs personnes qui dormaient aussi à la Chapelle.

En 2017 il est plus difficile de dormir dans la rue parce que la loi dit qu’on a plus le droit de dormir dans la rue. En 2016, il y avait beaucoup de monde qui restaient dans des endroits différents où les étrangers se retrouvent quand ils attendent pour la demande d’asile, les afghans restent beaucoup dans le parc de la Gare de l’Est, il y a beaucoup de personnes à Jaurès, à Stalingrad, à la Chapelle…

On s’est retrouvé à beaucoup, venant de ces différents endroits dans le camps de la Croix rouge à Champagne sur Seine. J’y suis resté 10/ 11 mois dans le centre de la Croix Rouge.

Moi je cherchais des cours de français, j’ai trouvé des cours de français à Belleville, et c’était important pour moi de parler français parce que j’habite ici.

Au centre de la Croix Rouge ils m’ont donné une carte avec ma photo qui prouve que j’habite dans le camps, ils contrôlent qui vient dormir là-bas et ceux qui ont pas la carte de la CRF ne peuvent pas aller dans le centre. Je pouvais prendre le train, le RER et cette carte montre où je vis.

Dublinable, dedubliné… et envoyé à Marseille

Les premiers 10 mois je suis resté en procédure Dublin, maintenant je suis « normal ». Quand j’étais « Dublin » je n’avais pas d’accompagnement. Et ensuite quand je suis devenu en procédure normal, j’ai gardé mon adresse à France Asile (FTDA) à Paris à la Chapelle et c’est eux qui m’ont aidé pour faire la demande d’asile. Même si je dormais à Champagne sur Seine, c’est toujours France Asile qui me donne l’adresse. France Asile c’est à côté de la porte de la Chapelle et de la bibliothèque. Ils ont donné un interprète en farsi / français pour raconter mon histoire.

Je suis resté jusqu’en juillet 2017. L’OFII a choisi pour moi à quel endroit je devais aller, quelle village, quelle centre … Si je n’acceptais pas la proposition de l’OFII, je n’aurais pas eu d’autres possibilités pendant 1 an, 2 ans, 3 ans, 5 ans… L’OFII m’a dit de venir à Marseille, ils m’ont orienté par courrier à Marseille. Je suis arrivé à Marseille en juillet 2017.

Après un mois ils m’ont donné un interview pour le mois d’août (OFPRA), avec cinq semaines de préavis.

Une place en CADA…un privilège?!

Maintenant c’est bien. Ici je suis seul dans la chambre. A Paris c’était difficile parce que plusieurs personnes dans la chambre (2/3 personnes) dans le centre presque 300 personnes. C’était très difficile, ici pour moi à Marseille c’est plus facile. J’ai un frigo, une commode pour ranger mes vêtements…

Par contre c’est difficile de parler avec les gens là-bas car ils parlent pas tous français et moi je cherches à rencontrer des personnes qui parlent français. Dans le quartier du 15éme tout le monde parle arabe, quand je fais la queue au magasin tout le monde parle arabe… pour moi c’est très difficile de parler français. Je peux pas apprendre deux langues en même temps.

Je respecte tous le monde et c’est important pour nous de parler la langue où je vis et je ne comprend pas pourquoi c’est comme ça à Marseille.

Sur toutes les personnes qui viennent au cours de français ici je suis le seul qui a une place en CADA.

Tous les jours je penses à ce que les français ne pensent pas du mal des étrangers, c’est pourquoi c’est important pour moi que vous ne pensiez pas du mal de nous les étrangers… pour cette raison j’ai bien envie de connaître des français, pour que les gens pensent que je suis une bonne personne…