Récit de Lorenzo

Je m’appelle Lorenzo, j’ai 29 ans. Je suis arrivé à Marseille en 2022 pour poursuivre un master, après avoir fait une licence en Italie. Je ne suis pas venu dans le cadre d’Erasmus : je me suis inscrit directement dans un master français et je suis donc arrivé avec un statut d’étudiant.
Je n’avais pas droit au Crous, parce que, à l’époque, j’étais rattaché au foyer fiscal de mes parents en Italie et leurs revenus étaient trop élevés pour que je puisse bénéficier d’une bourse ou d’un logement du Crous. J’étais donc logé dans une résidence étudiante privée. Je n’ai pas non plus beaucoup cherché d’autres bourses, comme les bourses de mérite ou de talent.
Pendant mes études, je ne travaillais pas. Je ne connaissais personne à Marseille avant d’y venir, mais j’ai choisi cette ville parce qu’on y proposait le master spécifique qui m’intéressait. Mes premiers réseaux ont été les étudiants et les professeurs.

Intégration Sociale à Marseille

Pour moi, au début, l’intégration passait surtout par le cercle de mes camarades à l’université. Les associations que j’ai découvertes, je les ai connues grâce aux étudiants que je côtoyais. Après mes études, je me suis un peu plus investi dans certaines associations à Marseille, ici et là, notamment dans l’agriculture urbaine, comme Potager Partagé.
Potager Partagé organisait des événements où l’on pouvait participer, et il y avait aussi la possibilité d’avoir un petit potager chez eux. On pouvait y faire du bénévolat ; pour ma part, j’ai surtout participé de manière ponctuelle. Je ne me suis pas installé durablement dans une association en faisant très régulièrement du bénévolat : c’est plutôt quelque chose que j’ai fait dans différents endroits.

Par exemple, il y a Le talus, situé dans le douzième arrondissement mais très proche du cinquième. Dans le treizième arrondissement, il existe aussi Terre d’Entraide et de Partage, un jardin urbain géré par des habitants du quartier : chacun peut y avoir une petite parcelle pour cultiver des choses. Globalement, dans le treizième, il y a beaucoup de jardins partagés, et l’on peut facilement entrer en contact avec l’association Terre d’Entraide et de Partage.

Pour les personnes qui habitent dans le centre-ville, il existe un lieu où tout le monde est bienvenu pour des soirées : la DAR, un centre social autogéré assez connu, où l’on peut rencontrer des personnes sympathiques et se faire des amis.

Parmi d’autres lieux de sociabilité, je conseille aussi le bar Casa Consolat. C’est un endroit très agréable, et si vous êtes italien, vous y trouverez beaucoup d’Italiens installés à Marseille. On peut y manger, ils organisent des soirées, et le lieu fonctionne en partie en autogestion. Je pense qu’il est même possible de leur proposer des activités ou des événements. C’est un lieu géré par des Italiens mais bien sûr ouvert à tout le monde.

il existe aussi des lieux de sociabilité. Par exemple, La Maladroite est un club de boxe autogéré, où les entraînements sont proposés en fonction des envies des participant·es. Ce n’est même pas une association : c’est un collectif lié au réseau international du sport populaire. Beaucoup d’Italiens y participent, car à l’origine ce sont des Italiens qui ont grandi à Marseille et qui l’ont fondé. En Italie, il existe tout un réseau de collectifs de boxe populaire, avec une philosophie du sport non compétitif : un sport pour la santé, pour rencontrer du monde, et non pour gagner des tournois. Les rencontres sont davantage des moments d’entraînement collectif, et ils voyagent souvent à Bologne ou à Turin.

Il y a aussi des cercles de parole liés au féminisme. Par exemple, au Planning Familial, où je suis allé récemment, plusieurs associations organisent des cercles de discussion. Certains sont en non-mixité femmes, d’autres sont mixtes. Il existe notamment un collectif national, « Nous sommes…, présent aussi à Marseille chaque mois.
Au Planning Familial, il y a de nombreux événements autour de thèmes comme le féminisme, la sexualité, la contraception – y compris la contraception masculine. Il y a par exemple le collectif Treizeticules, qui donne des informations sur la contraception masculine et explique comment les hommes peuvent s’impliquer dans la prise en charge contraceptive.

Structures universitaires et lieux de sociabilité à Marseille pour les étudiants étrangers

Pour moi, la situation était un peu particulière, parce que j’étais dans un très petit master dont les services administratifs étaient rattachés à AMU. Donc, je ne connais pas très bien la structure universitaire à AMU.
Mais je sais que, à AMU, il existe des clubs de sport, différentes associations étudiantes et des organisations qui proposent des soirées d’intégration. Certaines mettent en relation les étudiants qui ne connaissent pas grand monde avec quelqu’un qui maîtrise bien les démarches administratives et universitaires. On l’appelle un parrain ou une marraine. Je connais, aussi, des personnes pour qui ce type de dispositif a été très utile.
Je ne sais pas si les étudiants venant d’autres universités peuvent y accéder, mais à AMU il existe effectivement des structures sportives, une cantine universitaire et des activités d’intégration. Pour ma part, je suis très peu passé par ces dispositifs.

Pour les étudiants, il y a les restaurants du Crous, comme celui de la Canebière ou celui du campus Saint-Charles. Même si on n’est pas inscrit à AMU, on peut y déjeuner et avoir un repas complet pour 3,25 €, ce qui est abordable.
Il y a Manifesten, qui est à la fois une librairie et un espace autogéré permettant de rencontrer des collectifs et des associations militantes.
Et, surtout utile pour les étudiants, il existe une imprimerie où l’on peut faire imprimer tout ce dont on a besoin pour un prix très bas. C’est un café/imprimerie tenu par quelqu’un de très sympathique, près de la Plaine, et qui s’appelle Cyber@The.

Pour ceux qui souhaitent créer des liens avec les quartiers du centre et du nord de Marseille, il existe une association qui s’appelle La Réserve citoyenne. Elle a été créée lors des élections de 2024 et organise de nombreuses rencontres et actions de tractage, du porte-à-porte, ainsi que des soirées dans les centres sociaux de différents secteurs de la ville, notamment dans les quartiers nord.
C’est une structure qui permet de rencontrer beaucoup de personnes engagées dans l’organisation de ces actions, et d’essayer d’avoir un impact en menant des activités d’éducation populaire dans les quartiers nord de Marseille.

Informations sur la garantie de logement

les informations les plus importantes pour moi, quand je suis arrivé à Marseille, concernaient surtout le logement et les démarches administratives.
Au niveau du logement, c’est toujours une galère de trouver un garant. Aujourd’hui, je sais qu’en France il existe un service gratuit qui s’appelle Visale, qui peut servir de garant. À l’époque, je ne le savais pas, et j’avais même payé une plateforme pour trouver une résidence étudiante et une garantie, alors que Visale est complètement gratuit

Parcours administratif en France : logement, service civique et sécurité sociale

Après mes études, j’ai trouvé un service civique d’un an dans un lycée. Les missions de service civique se trouvent sur une plateforme très simple d’utilisation et qui fonctionne bien. À Marseille, il y avait différentes propositions, notamment dans les centres sociaux ou dans l’animation. Certaines offres semblaient moins intéressantes, comme des services civique à la France Travail qui recrutait des volontaires en service civique pour les aider dans la transition administrative imposée par le gouvernement. Mais il y avait beaucoup de choix et, finalement, j’ai été accepté dans la mission que je préférais : un service civique dans un lycée agricole.

Pour obtenir mon contrat de service civique, je me suis retrouvé dans un véritable cercle vicieux. Pour signer un contrat, l’employeur doit avoir votre numéro de sécurité sociale, donc vous devez avoir une carte Vitale. Mais je n’en avais pas, parce qu’en tant que citoyen européen j’utilisais la carte européenne d’assurance maladie de mon pays, qui est valable en France mais ne permet pas d’avoir un médecin traitant.
J’ai demandé une carte Vitale, mais ils ont perdu mon dossier — sans que je le sache. J’ai attendu des mois, puis j’ai appris qu’ils avaient perdu ma demande… et la seconde aussi.

Pour demander une carte Vitale, il faut présenter un dossier complet : tout imprimer, le déposer dans la boîte aux lettres de la CPAM (Caisse primaire d’assurance maladie), et il vaut mieux de faire la queue pour le remettre en main propre. Ensuite, il vaut mieux appeler régulièrement pour vérifier qu’ils ne l’ont pas perdu.
Ils peuvent aussi attribuer un numéro de sécurité sociale temporaire : c’est ce qu’on m’a donné pour mon stage à l’université, et grâce à ce numéro temporaire un employeur peut vous embaucher. Vous devez appeler régulièrement la CPAM et de le demander. Une fois ce numéro obtenu, j’ai pu signer mon contrat de service civique, c’est-à-dire mon contrat de vacataire.

Mais pour signer un contrat de travail, il faut aussi avoir un compte bancaire en France. Et pour ouvrir un compte bancaire en France, il faut avoir un numéro de téléphone français, ce qui était un peu galère pour moi. Aussi, pour avoir un compte bancaire il fallait prouver que j’étais résident en France. Mais comme j’étais encore rattaché au foyer fiscal de mes parents, je n’avais pas de résidence fiscale en France, et j’étais bloqué.

Finalement, j’ai trouvé une banque qui s’appelle Nickel, qui permet d’ouvrir un compte en France pour vraiment pas cher, sans devoir prouver que tu es résident en France. Nickel a accepté la déclaration d’hébergement signée par la personne qui était le locataire principal et à qui je sous-louais ma chambre, alors que les autres banques avaient refusé ce document.

Lieux associés 10

Planning Familialcontent with audio

Permanences confidentielles : la sexualité, le corps, la contraception, les méthodes d’interruption volontaire de grossesse (IVG), les infections sexuellement transmissibles (IST), les violences...