Récit de Camilla
Récit récolté par l’Observatoire Asile de Marseille
En Italique, les commentaires et précisions des intervieweurs, membres de l’Observatoire.
Nous rencontrons Camilla dans un café du centre ville de Marseille. Elle est accompagnée par son fils et son mari – qui vient de rejoindre sa famille. Au moment de l’entretien, ils sont hébergés depuis peu dans un hôtel du centre ville par la Plateforme. Camilla est très affectée. Elle pleure beaucoup pendant l’entretien. Elle semble à bout.
Monsieur nous explique : « Ma femme a dû attendre trop longtemps avant d’avoir la possibilité de se poser et de raconter son histoire et les raisons de notre départ du pays… »
Camille nous dit que l’attente est interminable…
Je suis arrivée en août 2017 à Marseille avec mes enfants. J’avais quitté l’Albanie trois jours avant, par bateau, jusqu’à Bari et on est arrivé le lendemain à Marseille par bus. J’étais seule avec mes deux enfants, un garçon de 12 ans et une fille de 8 ans. A notre arrivée je ne connaissais personne.
Je suis restée avec les enfants en bas des escaliers de la gare St Charles avec d’autres Albanais qui dormaient aussi dans la rue. J’avais très peur. Une vingtaine de personnes dorment là, des familles en demande d’asile.
Le lendemain de mon arrivée, je suis allée à la Plateforme, on a été reçu le jour même. Un salarié albanophone a fait la traduction. On nous a fixé le rendez vous à la Préfecture 49 jours plus tard, et pendant ce temps nous n’avions rien!
J’ai demandé où on allait dormir avec les enfants ? La Plateforme a dit qu’on pouvait pas aller à l’hôtel le jour même parce qu’il y avait plus de place…
Nous avons dormi à la gare pendant une semaine, puisqu’on ne connaissait personne ici.
La journée on allait la Plateforme le matin et l’après-midi on allait au Vieux Port avec les enfants… La nuit on dormaient en bas des escaliers de la gare…
On a pas été orienté vers NOGA, on m’a dit qu’il n’y avait plus de place au restaurant social… on s’est débrouillé… on achète des part de pizzas à Noailles avec un peu d’argent qu’on a…
Depuis 7 jours, la famille est orientée vers l’hôtel Simplon par la Plateforme Asile. De plus, ils viennet d’être orientés vers le Secours Populaire pour avoir un colis alimentaire (13 jours après leur passage à la PADA).
C’est important que les enfants aillent à l’école, pour leur stabilité mais c’est très compliqué de se débrouiller seule pour trouver de l’aide et faire les démarches d’inscription à l’école.. La Plateforme Asile ne s’occupe pas de la scolarisation. Ils nous ont juste dit d’aller à la rue Fauchier ; on doit se débrouiller…