Voyager en Europe avec un livret de famille français?

L’employée de la Préfecture nous a répondu : « Mais vous êtes mariés ! Vous n’avez plus besoin de permis de séjour, il vous suffit de votre livret de famille. Gardez-le sur vous, pour pouvoir le montrer si on vous demande des papiers, et c’est bon » . J’ai demandé, un peu surprise : «Vous êtes sûre, madame?». Elle nous a confirmé : « Vous n’êtes pas les seuls dans cette condition, il y en a plein comme vous », nous a-t-elle répondu, étonnée de notre ‘naïveté’.
Je suis donc restée en France deux semaines après l’expiration de mon visa, avec mon livret de famille comme justificatif de ma situation. Quand finalement j’ai pu partir, mon vol faisait escale à Munich, en Allemagne. Les problèmes sont arrivés dans l’aéroport de la ville bavaroise : ils ont découvert que je n’avais pas de visa valide pour l’UE, et pour ce motif je ne pouvais pas poursuivre vers l’Égypte. Ils m’ont mis dans un bureau de la police aéroportuaire, dans une sorte d’état de détention ; ils ont commencé à me poser des questions pour comprendre pourquoi j’étais restée en France au-delà de mes droits de séjour, et qu’est-ce que j’allais faire en Égypte… avec un ton de soupçon. En fait, comme ils me l’ont expliqué, la dame de la Préfecture, à Marseille, n’avait pas précisé que le livret de famille serait accepté comme titre de séjour exclusivement en France et que, par conséquent, je n’avais pas le droit d’aller dans un autre pays européen.
A l’aéroport de Munich, ils m’ont dit qu’il existait deux solutions pour ma situation. La première, la plus drastique, une expulsion vers l’Égypte ! J’ai demandé ce qu’il allait se passer à mon arrivée dans un aéroport égyptien, et surtout au moment où j’allais demander un nouveau titre de séjour à la France, ou à un autre Pays de l’UE. Ils n’ont pas su me répondre.
La deuxième, la plus absurde, mais la seule qui puisse empêcher mon expulsion : étant donné que j’étais mariée à un citoyen européen, je pouvais quitter le territoire de l’UE seulement accompagnée par lui. Il fallait que mon mari soit à côté de moi au moment où j’allais franchir la frontière, c’est à dire le contrôle de passeport de l’aéroport allemand.
Ils m’ont expliqué que c’était une façon de s’assurer que je quittais le territoire européen en accord avec mon mari, et qu’il ne s’agissait pas, par exemple, d’une ‘fuite’ due à un problème avec lui ou avec les institutions françaises.
C’était donc le moyen qu’ils avaient de protéger le citoyen européen qu’était mon mari : il lui ont donné jusqu’à 10 heures du soir pour me rejoindre à Munich et éviter mon expulsion. Et pour ce faire, comme il était à Avignon, la seule solution a été d’acheter un billet pour le premier vol, qui lui a coûté 1500 euro (jolie façon de le protéger!).
 

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