Récit de Godfrey

Récit récolté par l’Observatoire Asile de Marseille

En Italique, les commentaires et précisions des intervieweurs, membres de l’Observatoire.

Homme isolé de 35 ans. Originaire du Nigeria, il est arrivé à Marseille mai 2017, en provenance d’Italie où il a séjourné pendant 10 ans.

En 2007, il obtient le statut de réfugié en Italie. L’année suivante il commence à travailler comme distributeur de journaux avec un salaire de 500 euros/mois. Puis il est arrêté en Italie pour “faux permis de conduire”. Il fait un séjour de 6 mois en prison. En sortant de prison, les autorités italiennes lui demandent de quitter le territoire sous 15 jours.

Il arrive à Marseille début mai 2017. Reçu au GUDA deux mois plus tard, il est mis en procédure Dublin. Pendant l’été 2017, l’Italie annonce qu’elle ne le reprendra pas sur son territoire : il accède donc à la procédure normale.

“They promised to give me a house” [Ils m’ont promis de me donner un toit] : les mauvaises conditions d’hébergement du 115

Depuis que je suis arrivée, je n’ai pas encore eu de place en CADA : j’appelle tout les jour le 115, pour trouver des solutions. J’attends entre 20 minutes et une heure pour leur parler, mais après il me proposent des solutions… ils me connaissent.

J’ai déjà passé un mois à la Madrague, puis deux mois chez un ami qui m’a hébergé boulevard National.  Puis de nouveau 9 jours à la Madrague, et maintenant de trois en trois…

A la Madrague, nous sommes 6 par chambre. À 6h, nous prenons un petit-déjeuner et nous devons partir. Puis traîner jusqu’à 4h de l’après midi. Les gens qui sont au foyer du 115 sont fous, sales, ils se pissent dessus, ils sont malades, ont des problèmes de peau. Je ne me sens pas à l’aise avec eux. Ces gens me font peur.

J’ai eu la CMU et une aide alimentaire, pour aller au Restaurant Noga, mais ça s’est arrêté au bout d’un mois. Maintenant je mange à la Madrague, mais la nourriture qu’ils donnent n’est pas bonne. Ils ne savent pas cuisiner, ça me donne mal au ventre. Du coup, j’achète très souvent mes repas à l’extérieur.

Je ne demande pas autre chose que le logement qu’on m’a promis…

L’Italie était mieux que la France. Il y avait moins de stress, les choses étaient plus faciles d’accès.

Un mois et demi après cet entretien, Godfrey était toujours sans solution d’hébergement en CADA et dormait désormais “dans une église aux Réformés”.

 

 

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