Récit de Amadou Diallo
Récit récolté par l’Observatoire Asile de Marseille
En Italique, les commentaires et précisions des intervieweurs, membres de l’Observatoire.
Je suis arrivé à Marseille en mars 2017. Je suis passé par l’Italie où je suis arrivé en bateau par la Lybie. En Italie j’ai été hospitalisé tout de suite parce que j’avais un problème à la jambe. A l’hôpital ils ont cru que j’étais mineur et j’ai été placé au campo.
En France pour se soigner
Je ne suis pas resté en Italie parce que là bas ils voulaient me couper mon pied. Je ne voulais pas et je suis venu en France pour voir un médecin ici pour avoir un autre avis médical. Ici je suis suivi à la Timone et ils me soignent. Ils ne vont pas m’amputer mais ils vont faire une opération, mais pour ça il faut attendre.
Quand je suis arrivé à Marseille, je suis allé à l’Accueil de Jour Marceau. C’est eux qui m’ont accompagné à l’Hôpital de la Timone. Là bas on m’a dit que mon traitement allait prendre du temps, mais que comme j’avais pas de CMU ils ne pouvaient pas me soigner. Je suis sorti de l’hôpital au bout des 4 jours d’hospitalisation et je suis allé à la gare où je suis resté 2 jours. Un africain m’a dit que je pouvais appeler le 115 le troisième jour. Ils sont venus me chercher et m’ont emmené à la Madrague où je suis resté 4 mois. C’était pas bien là bas.
De 7 heures du matin il faut sortir. Il faisait très froid. Je passais les journées dehors sans savoir où aller, sans avoir à manger. Avec ma blessure c’était très dur parce que j’ai une plaie ouverte au pied et le froid rentre. J’allais à l’accueil de jour mais là bas il n’y a pas à manger.
A l’accueil de jour une personne (qui va aussi à l’ADJ) m’a dit que je devais faire des démarches administratives pour avoir la CMU, faire une demande d’asile et que si je n’avais pas la CMU je ne pourrais pas me faire soigner.
Je suis allé à la PADA, on m’a donné un rendez vous pour enregistrer ma demande. Une dame m’a reçu un après-midi. Elle m’a demandé mes papiers, je lui ait donné mon extrait de naissance parce que le docteur à l’hôpital m’avait vu avec une ASS et ils m’avaient demandé un extrait de naissance et ma famille du Mali me l’a faxé.
J’ai eu un rendez vous pour la Préfecture la semaine suivante (avril 2017). Là bas ils ont pris mes empreintes et ils ont dit que j’étais passé par l’Italie. On m’a donné la carte bancaire et on m’a dit de repasser le lendemain pour récupérer mon récepissé et ils m’ont donné le récepissé Dublin d’un mois.
Depuis le mois de mai 2017 j’ai eu la CMU.
A chaque fois que je vais à l’hôpital on me donne des rendez vous loin, j’ai attendu plusieurs mois pour avoir un rendez vous. Le médecin a fait des certificats médicaux expliquant que je dois être suivi ici et que je ne doit par être renvoyé en Italie.
“La Madrague, c’était la guerre…”
J’ai décidé de quitter l’UHU Madrague en août parce que c’était la guerre là bas, les gens se battaient avec des couteaux. Quand tu dors un fou vient te frapper, les portes des chambres sont toujours ouvertes et tout le monde entre. On est 6 dans les chambres et il y a tout le monde (toute sorte de personnes). Parfois il y a des personnes qui viennent fumer dans la chambre, ça me dérange parce que moi je ne fume pas.
Je ne pouvais plus supporter cette ambiance tendue et je suis parti. J’ai rappelé le 115 et ils m’ont donné 9 nuits à Forbin. Plus tard, j’ai rappelé et ils ont renouvelés une fois pour 9 nuits supplémentaires puis ils ont arrêté en disant que il n’y avait plus de place.
J’ai dormi à la gare et j’ai rencontré un jeune africain qui partait à Paris et il avait un ticket pour Forbin encore valide, j’ai récupéré son ticket et j’ai pu dormir à Forbin en utilisant son ticket jusqu’à la fin et ça s’est arrêté. Depuis 5 jours je dors dans la gare de nouveau.
Aujourd’hui j’ai récupéré un autre ticket d’une autre personne qui est aussi parti à Paris, je vais aller voir ce soir à Forbin car son ticket et valide jusqu’au 30/10 mais je ne suis pas sur que ça marche parce que s’ils me reconnaissent ils ne me laisseront pas entrer. Le problème c’est que quand j’appelle le 115 ils me répondent qu’il n’y a pas de place.
J’ai donné la copie du certificat médical qu’a fait mon médecin à la PADA et ils n’ont rien fait. Avec mon état de santé c’est très difficile d’être dans cette situation.
J’ai aussi donné un certificat médical à l’OFII qui a été fait par mon médecin de la Timone, sur le formulaire que l’OFII m’avait donné et je leur ai rendu dans une enveloppe. Dans ce certificat médical il y a les raisons pour lesquelles je dois rester en France pour me faire soigner… mais je n’ai pas eu de nouvelles ensuite…
Maintenant je touche l’ADA, mais avant de toucher l’ADA j’avais des gros problèmes pour me nourrir. J’ai demandé plusieurs fois à la PADA d’aller au Restaurant NOGA mais on m’a pas donné. Je ne sais pas pourquoi. J’ai reçu l’ADA début juin, 45 jours aprés mon passage au GUDA.
Pour manger j’allais parfois à l’églised e boulevard National, chez les sœurs. C’est un ami qui m’a montré là bas. La PADA, ni aucune association ne m’avait donné l’information. Comme j’avais pas d’habits j’ai dépensé une partie de mon ADA pour en acheter.
Quand nous lui demandons s’il a pu aller dans une association pour récupérer des habits, il dit ne pas connaître. Il ne savait pas : « Je m’achète des habits, et avec le reste de l’argent je mange ».
Mon souhait c’est ma santé d’abord.
L’aide des associations militantes
Le jour où à la PADA on m’a expliqué la procédure Dublin j’ai dit que j’étais malade, la personne de la PADA a téléphoné à la Timone qui a confirmé que j’étais malade. La dame de la PADA m’a dit que je ne devrais pas être en Dublin à cause de ma maladie mais je ne sais pas. Ils ont fait le dossier pour la CMU.
C’est la Cimade qui m’a aidé pour faire les observations Dublin pour expliquer pourquoi je ne peux pas aller en Italie.
La Préfecture m’avait dit de revenir avant le XX/05 pour leur donner le papier avec les raisons pour lesquelles je ne peux pas aller en Italie. Ils m’ont dit d’aller à la PADA pour faire la démarche mais là bas ils m’ont donné un rendez vous aprés le rdv de la Préfecture. Du coup je suis allé à la Cimade. J’ai pas réussi à déposer mes observations dans les délais.
Je suis allé à Médecints du Monde, la Cimade m’a orienté vers eux. J’ai fait un dossier médical avec eux pour déposer à la Préfecture une demande pour rester ici pour me faire soigner. La Cimade a aussi essayé de joindre le Comede mais pour le moment nous n’avons pas encore eu de réponse.
L’aventure est pas facile ici…
A la gare y a des voleurs, qui demandent a voir dans le sac, y a du monde qui dort là, des mineurs… et c’est dangereux là bas.
- أطباء العالم (مركز الاستقبال والعلاج والتوجيه)
- الكوميد - COMEDE (لجنة لدعم صحة اللاجئين)
- سيماد - CIMADE
- منصة استقبال لطالبي اللجوء (PADA)
- المبشرين الخيرية
- الاستقبال النهاري Bouès
- مكتب طلبات اللجوء الشامل (GUDA Marseille)